En premier lieu, un petit rappel: tout le monde connait l´abeille domestique (Apis mellifera), insecte social par excellence, avec ses colonies, sa reine et surtout son miel. Il existe cependant de très nombreuses autres espèces d´abeilles dites sauvages en France. Par exemple, le gros bourdon noir aux reflets bleutés qui fait beaucoup de bruit au début du printemps et ployer les fleurs qu´il visite sous son poids est en réalité une abeille charpentière appelée «xylocope» (Xylocopa violacea).
Les colonies d´abeilles domestiques pouvant atteindre 60 000 individus, et les grands ruchers pouvant rassembler plusieurs dizaines de ruches, la question de savoir s´il existe une concurrence alimentaire entre l´abeille domestique et les abeilles sauvages parait légitime.
C´est la raison pour laquelle des recherches scientifiques en ce sens ont été entreprises. Pour ce faire, la densité des pollinisateurs sauvages en fonction de la distance par rapport aux ruchers a été analysée. Lors de certaines études, une diminution de 50% des abeilles sauvages a effectivement été constatée dans un rayon variant entre 500 et 1000 m autour des ruchers (1, 2). Par conséquent, si l´abeille domestique peut exercer un impact négatif sur les abeilles sauvages, celui-ci se limite à la proximité immédiate des ruches. De plus, ces études ont été menées en ville (2) - donc dans des zones de toute façon non pertinentes pour la conservation de la biodiversité - ou dans des secteurs avec des densités de ruches inhabituellement fortes (1). On peut donc raisonnablement conclure que, globalement, l´apiculture ne représente pas un danger pour les pollinisateurs sauvages.
Bien plus que les abeilles domestiques, c´est la destruction du couvert végétal par l´être humain qui menace les abeilles sauvages et les bourdons. D´une part, depuis 1950, 70% des haies ont disparu en France (3), un phénomène tellement aigu que la question de la disparition du bocage a fini par atteindre le sénat (4). D´autre part, l´étalement urbain exerce aussi un impact majeur puisque l´équivalent des surfaces agricoles d´un département français est urbanisé tous les 6 ans (5). C´est donc sur ces deux leviers qu´il faut agir pour protéger aussi bien les pollinisateurs sauvages que les abeilles.
Bibliographie
1 Henry, M., Rodet, G. Controlling the impact of the managed honeybee on wild bees in protected areas. Sci Rep 8, 9308 (2018). https://doi.org/10.1038/s41598-018-27591-y.
2 Ropars L, Dajoz I, Fontaine C, Muratet A, Geslin B (2019) Wild pollinator activity negatively related to honey bee colony densities in urban context. PLoS ONE 14(9): e0222316. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0222316
3 https://www.ouest-france.fr/environnement/biodiversite/depuis-1950-70-des-haies-ont-disparu-des-bocages-francais-7146722)
4 https://www.senat.fr/questions/base/2019/qSEQ190610799.html
5 https://www.lemonde.fr/economie/article/2017/05/30/l-urbanisation-devore-de-nouveau-les-terres-agricoles-francaises_5136027_3234.html
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